Lorenzo Mattotti est né le 24 janvier 1954 à Brescia, en Lombardie, non loin du Lac de Garde.
Il étudie l’architecture à Venise, avant de s’orienter vers le graphisme. En 1975, il publie ses premières bandes dessinées dans le fanzine français Biblipop puis dans la revue Circus, avant de dessiner un chapitre du recueil collectif Casanova. L’année suivante paraît son premier album, Alice Brum-Brum, adaptation très libre et fantaisiste d’Alice au pays des merveilles, aux éditions Mondograf. À partir de 1978, il commence à s’intéresser au réel avec Tran Tram Rock puis avec Incidenti. En 1980, il fonde avec d’autres auteurs le collectif d’artistes Valvoline, qui vise à renouveler l’esthétique et la linguistique de la bande dessinée. Si, dans un premier temps, ses bandes dessinées sont marquées par les influences de l’underground américain, il évolue, à partir de 1982, avec Il Signor Spartaco, vers un univers très pictural basé sur l’utilisation d’huile et de pastels.
En 1984, son livre Feux est accueilli comme un événement dans le monde de la bande dessinée et remporte de nombreux prix internationaux. Ce long récit est salué comme l’un des chefs-d’œuvre du 9e Art par la critique, qui voit alors en lui l’un des dessinateurs les plus marquants de la nouvelle génération italienne.
Mattotti se consacre davantage à l’illustration depuis une vingtaine d’années. Régulièrement, ses albums de bande dessinée continuent cependant de poser des jalons majeurs dans le paysage du 9e Art : Stigmates (1994), Anonymes (2000), L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (2002) avec au scénario son compère Jerry Kramsky, des participations en 2007 et 2008 à des collectifs des éditions Delcourt, ou encore, plus récemment, le formidable Guirlanda (Casterman, 2017), également avec Jerry Kramsky.
« Je me suis rendu compte que pour arriver à donner l’idée de mouvement dans une image arrêtée, il fallait parvenir à enlever ce qui est superflu pour ne conserver que la tension extrême du trait et de la forme. Par la composition, l’imbrication des formes et des couleurs, on parvient alors à créer une tension particulièrement forte dans le dessin ».
Voilà ce que déclare Lorenzo Mattotti lorsqu’on l’interroge sur l’énergie qui se dégage de ses dessins.
C’est son sens du trait comme de la couleur qui a permis à l’artiste de construire son œuvre aux facettes multiples – bande dessinée, cinéma d’animation, peinture, dessin – en façonnant au gré de ses propres expériences, un langage unique.
Le dessin de Lorenzo Mattotti est une perpétuelle vibration : l’onde de sa « ligne fragile » réduite à son essentialité, les remous tourmentés de son puissant clair-obscur ou la sinuosité de sa palette chromatique. Rien ne peut enceindre l’art de Mattotti, son dessin est transversal, en expansion.
Aujourd’hui, les livres de l’artiste sont publiés dans le monde entier et ses dessins sont utilisés comme couvertures de The New Yorker, ou publiés dans des magazines ou revues tels que Le Monde, La Repubblica, Das Magazin….
L’artiste a également dessiné de nombreuses affiches, notamment celle du Festival de Cannes, en 2000, ou de La Mostra de Venise, en 2022.
Plus de 40 expositions personnelles lui ont été consacrées à l’international, parmi lesquelles les rétrospectives au Palais des expositions de Rome, au musée Frans Hals de Haarlem, au musée de Porta Romana, au FHEL de Landerneau ou à la Villa Manin en Italie.
Avec la sortie en salle le 9 octobre 2019 de son premier long métrage d’animation, La Fameuse Invasion des Ours en Sicile, l’univers de Mattotti se meut désormais toutes frontières abolies entre la bande dessinée, la réalisation, la peinture et le dessin.
Lorenzo Mattotti vit et travaille à Paris depuis 25 ans.