
« Patrimoine architectural »
Les Journées européennes du patrimoine sont de retour pour une 42e édition depuis 1984, et ce grand week-end de découverte propose en 2025 une thématique universelle, inscrite intimement dans la vie de tous les Européens : l’architecture. Une forme de retour aux sources pour les Journées du patrimoine, qui ont précédemment exploré le patrimoine vivant (2023) et le patrimoine naturel (2014), mais aussi le patrimoine scientifique (2004) ou le patrimoine maritime, l’année passée.
Avec l’élargissement géographique, c’est aussi un élargissement thématique qui a marqué les diverses éditions des Journées européennes du patrimoine, épousant les évolutions du champ patrimonial durant les années 1990. Vivant, changeant, transmis, le patrimoine dépasse largement la protection au titre des monuments historiques, et devient une matière faite de pierres, mais aussi de femmes et d’hommes, de savoirs, de valeurs et d’idées.
L’édition 2025 offre une synthèse entre ces champs patrimoniaux, en choisissant un thème qui est à la fois l’origine même de la notion de patrimoine, tout en étant au cœur des enjeux les plus actuels. Car en 2025, le patrimoine architectural ne se conçoit plus tout à fait comme en 1984 : vecteur d’histoire, il s’invite aussi dans les débats climatiques, urbanistiques, et devient un levier d’enjeux sociaux.
Aujourd’hui au cœur de l’actualité, notre héritage architectural a aussi été à l’origine même de la conception du patrimoine. Au tournant des 18e et 19e siècles, l’abbé Grégoire, Alexandre Lenoir, puis Prosper Mérimée sont les pionniers de cette démarche patrimoniale, et la préservation de l’architecture fut le premier de leurs réflexes. Ainsi, la première liste de « Monuments historiques » établie en 1840 concerne à 90 % des édifices architecturaux.
C’est pour préserver ce patrimoine architectural que les outils de protection réglementaires ont été forgés et aujourd’hui encore, le patrimoine bâti reste largement majoritaire parmi les biens protégés ou reconnus par un label. Les édifices de notre patrimoine ne sont toutefois plus des chefs-d’œuvre isolés, îlots d’histoire dans un monde changeant, mais deviennent partie prenante de politiques patrimoniales plus larges : on les inclut dans des plans d’urbanisme, dans des paysages, ils deviennent leviers d’attractivité pour les territoires, refuges et centres de gravité pour les habitants.
Comment ce patrimoine préservé participe-t-il aux grands défis que nous rencontrons ? C’est aussi à cette question que permettront de répondre les Journées européennes du patrimoine 2025, en sensibilisant un large public à des enjeux cruciaux. Car la préservation de notre patrimoine architectural contribue aujourd’hui à des objectifs qui nous concernent tous : la limitation de l’artificialisation des sols, la sobriété dans la consommation des matériaux comme dans l’émission des gaz à effet de serre, la revitalisation des centres-villes en perte de vitesse ou la reconstruction de filières artisanales d’avenir.
Derrière les milliers de portes ouvertes partout en France, cette année encore, la découverte du passé se mêlera aux enjeux d’avenir. Des plus prestigieux aux plus modestes, chacun des lieux exceptionnellement ouverts offrira aux millions de visiteurs qui participent chaque année aux Journées européennes du patrimoine une occasion de s’approprier un patrimoine riche de sa diversité, et résolument d’actualité.